Écho du premier café des savoirs du Molenbeek Bibliothèque de Laeken, 3 octobre 2020

, par Michel Bastin

En cliquant ici, vous trouverez la carte provisoire de synthèse de ce premier rendez-vous.

Le premier café des savoirs a eu lieu, ce 3 octobre

Nous étions peu nombreux, les savoirs ont fusé cependant qui ont pu être cartographiés. Nous travaillons actuellement à une cartographie en ligne de ces savoirs. Dans l’entre-temps, voici déjà une évocation de quelques informations partagées ce jour-là. Grand merci encore à la Bibliothèque pour son accueil chaleureux et sa collaboration. Cette rencontre a aussi été rendu possible grâce à la collaboration fructueuse avec les référentes eau de la Ville.

Square Clémentine au début du XXe s. Document Université de Gand

Un récit commence à se tisser…

Si Laeken compte de vastes zones vertes, cœur urbain de l’ancienne commune semble aujourd’hui sec et peu verdoyant… Peu accueillant pour les non-humains. Pourtant, au détour d’une ruelle peu fréquentée, on découvre l’un ou l’autre jardin collectif. L’eau y est parfois présente de façon un peu secrète. L’ancien square Prince Charles recèle une zone humide qui fait le bonheur de l’avifaune.

L’eau surgissait d’un peu partout à Laeken. Deux ruisseaux y convergeaient vers la Senne : Le Molenbeek ainsi que le Drootbeek. La Petite Senne, dérivation d’une partie des eaux de la rivière contournait la Ville de Bruxelles et rejoignait le cours principal de la Senne à Neder-Over-Heembeek. Les témoignages de l’époque évoquant les odeurs, la pollution…

L’histoire évoque aussi les sources, telle la source Sainte-Anne ou des Cinq-Plaies, qui avait la réputation d’être miraculeuse, qui en fait, selon une analyse faite au début du XXe. s., était tout juste potable.

Le Tivoli sur la carte dessinée par G. de Wautier (vers 1810) et une carte topographique de 1880 (ICM)

On se promenait jadis à Laeken

L’allée verte, le long du canal, était jadis la promenade dominicale favorite des bruxellois. Elle traversait alors une verte campagne et menait du côté de Laeken à diverses guinguettes où l’on pouvait se désaltérer. La plus grande et fameuse était le Tivoli, elle était située au milieu d’un étang, Gérard de Nerval y vint et le graveur Jean-Baptiste Madou en a laissé une représentation.

Il n’en reste comme souvenir que le nom d’une rue… Une idée gag : et si on recréait une guinguette à la rue du Tivoli ?

Industrie, tensions passées

Cela dit, dès le début du XIXe s., l’industrie apparut le long du canal et du chemin de fer. Laeken vit s’ouvrir une des premières fabriques de produits chimiques de la région.

Si l’industrie prospère, les richesses produites ne sont pas réparties de façon égale… Les conditions de travail y sont rudes. La rue de la Cave, devenue depuis rue Fransman comptait de nombreuses blanchisseries. Elles utilisaient une eau polluée, ce qui faisait peser de lourds risques sanitaires aux ouvrières. Un jeune vicaire de la paroisse Notre-Dame les incita à s’organiser en syndicat et à plaider pour une amélioration de leurs conditions - sanitaires notamment - de travail. Il s’appelait Cardijn et ceci constitua quasiment l’acte fondateur d’un mouvement mondial, la Jeunesse ouvrière chrétienne.

L’industrie a laissé des traces : bâtiments industriels mais aussi des traces dans le sol. Les terres de tel jardin collectif sont-elles polluées ? Qui se situe à l’emplacement d’une fabrique d’encres ? Les analyses rassurent, l’inquiétude reste. Un projet pilote de phytoremédiation est mené autour de l’ancienne halte royale.

Photo Luca Mangiat - Wikipedia commons

Ville, tensions toujours présentes

L’industrie s’est développée, et aussi la ville. Les sols ont été imperméabilisés, la plupart des étangs comblés et les ruisseaux, transformés en égout à ciel ouvert, envoyés sous terre. Avec comme conséquence prévisible, des inondations périodiques, signalées en divers lieux de l’ancienne commune.

A ces inondations, à côté des solutions classiques, on imagine des solutions alternatives, telles la remise à ciel ouvert d’anciens cours d’eau (la Région y travaille) ou le retravail du paysage urbain pour le rendre moins perméable.

L’histoire pour autant n’est pas simple. Il y a des enjeux et des tensions : faut-il densifier la ville, construire dans les dents creuses, accepter des projets immobiliers au détriment de l’agrément ou de la qualité de vie des riverains (la colère gronde autour du Donderberg – Mont du Tonnerre) ?

Faut-il accepter qu’un immense espace vert profite à une seule famille, fût-elle royale ?

Nixe norvégien, Theodor Kittelsen (1857-1914)

Esprit(s) de la vallée

Un récit commence à se tisser donc, faits de divers fils bleus, parfois tendus au point d’être un peu coupants, parfois doux au toucher et reliants…

L’esprit de la vallée émergerait-il de cette toile complexe ? En tout cas, d’esprits il en est question, on nous signale des nixes (en ancien flamand « nekker ») à Laeken, génies des eaux. Existent-ils ou (elles ? Ont-ils ou ont-elles existé ? L’enquête se poursuit…

Pour faire connaissance plus ample connaissance avec les nixes :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nixe

Quelques liens..

Pour en savoir plus sur certains sujets évoqués au cours du Café des savoirs...

Sur l’histoire, le patrimoine et les secrets de Laeken : http://www.laekendecouverte.be/

Appel à contributions....

Si vous souhaitez nous signaler une initiative, un projet... n’hésitez pas à nous la communiquer... Nous ajouterons des liens ici.

Prochain café des savoirs...

Quand les beaux jours reviendront...