Les choses parlent, toutes les choses parlent, tant les faits que les valeurs si on veut bien les entendre et surtout les faire dialoguer. Notre promenade arpentera les pentes du Versant nord de Forest que nous connaissons si bien et où avec les gens de la communauté hydrologique nous porterons les voix de ce que toutes ces choses nous disent. Des scientifiques, des techniciens et des citoyens traduiront des mètres cubes d’eau qui ne feront pas des inondations en intentions paysagères, à moins que ce soit l’inverse ; des envolées de hérons en positions politiques, à moins là aussi que ce ne soit l’inverse, etc. On évoquera l’idée d’un parlement des choses. Une sorte de conseil de bassin versant solidaire dans une perspective de débétonisation de nos vies, mais aussi de diminution des risques d’inondation pour les habitant-es voisin-es ?
Au Panorama de l’avenue Besme, un peu plus de 20 personnes auront bravé le vent, la neige et le froid pour entendre parler des choses de l’eau.
Pierre pose le problème. Les choses parlent d’elles-mêmes.
Julie ne manquera pas d’humour. Elle raconte l’histoire où la Région voulait couper les arbres de sa rue - l’avenue Alexandre Bertrand - pour faire passer une voie cyclable régionale. Quand l’écologie tue l’écologie ! C’est là qu’elle fit alliance avec la question de l’eau et de la solidarité de bassin versant... Quand les choses parlent entre elles ! C’est autre chose.
Plus bas, sur l’avenue Besme elle-même, Patrick parle de l’étude du sol, de sa capacité d’infiltration, de l’eau qui n’ira pas aux égouts... Alors que Pierre nous parle des éléments paysagers possibles. Que devient le verger prévu ? Que planter dans la noue ? etc. On parle de Beliris qui n’entend pas ce que les choses disent.
Sur la terrasse du parc de Forest qui surplombe le jardin Essentiel. Une perspective voulue par Victor Besme avec son horizon de justice et la sensibilité à la vallée.
Et appréciée par Michel qui encadre l’histoire de sa connaissance des lieux.
Fabienne nous parle de cette chose liant nombre d’être humains et non humains qu’est le Jardin Essentiel, c’est un bien géré en commun, something like a commons. Les communs de nos jours sont choses précieuses,
Tout d’un coup, le Jardin se dévoile dans sa beauté hivernale. Une pépinière de fruitier vient d’être plantée. Vers le bas, un jardin d’orage est imaginé, il pourrait recueillir les eaux de pluie environnantes. Mais un bassin d’orage reste suspendu telle une épée de Damoclès qui pourrait lui sectionner son joyeux enracinement.
Dans le bas du parc Duden, au rond point décidément convexe, Pierre nous parle des aménagements ratés et de ce que l’on aurait pu faire en termes paysagers où l’idée du concave ne manque pas de faire rire.
Nous voilà au Marais Wiels que l’on ne doit plus présenter. C’est une star qui capte le regard avec son esthétique conflictuelle. Un véritable exemple de vie qui reprend sur les ruines du capitalisme.
Geneviève, une des Fé.e.s du Marais qui en sont les gardien.ne.s et qui ont fait de ce site une véritable communauté, dans la lignée d’un Aldo Léopold qui en parle pour la Terre. A sa suite on pourrait se demander que pense le Marais. Elle nous raconte ensuite le jumelage avec un site semblable à Rome, il Lago Bullicante.
Boud rappelle les risques d’inondation dans le voisinage immédiat. Si le site doit être protégé pour lui-même, il peut aussi être un lieu de rétention pour les eaux de pluie locales et donc participer à la réduction des risques d’inondation.
Ce potentiel de rétention est en partie ce qui a fait que la Région a racheté le Marais. Mais tout cela ne fait pas que le Marais est sauvegardé, des risques pèsent encore sur le site pour lui préserver une vocation de logement, ce qui malheureusement pourrait détruire le biotope qu’est le Marais.
De nouveaux modes de calcul sont en train d’être établis, nous dit Boud. Il faudra voir dans quelle mesure ce Marais peut être solidaire du bassin versant afin de ne pas construire, par exemple, le bassin d’orage qui risquerait de détruire le Jardin Essentiel. Un axe de débétonisation de la ville est possible.
Le Marais peut-il supporter l’arrivée d’une eau de ruissellement ? Peut-être l’hypothèse serait-elle, qu’entre quantité d’eau et qualité on pourrait installer des systèmes de phyto-remédiation. L’eau arrivant dans le Marais pouvant devenir suffisamment qualitative pour que ce dernier puisse ne pas en pâtir et que le voisinage dans le même temps puisse moins souffrir des inondations.
Alors on termine en se disant que l’on fera bien un Parlement de toutes ces choses du paysage et de l’eau sur l’ensemble du Versant nord de Forest, une expérience grandeur nature qui ouvre la voie des Veines de la terre.
Allons boire un bon café chaud !
Promenade et roman photo réalisé par
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