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UrbaSEN est une plate-forme professionnelle au service de l’aménagement et de l’aide au développement urbain et social de quartiers populaires de Dakar. Elle s’incarne dans un mouvement citoyen associé à la vaste Fédération sénégalaise des Habitants. Nous ne pouvions passer à côté de la venue d’UrbaSEN, donc, cette illustre organisation sénégalaise qui s’est vue décerner différents prix dont le prix ONU-Habitat 2023, pour mettre en place un dialogue qui interpelle autant la capacité d’agir des citoyens que l’engagement des collectivités locales (ou pouvoirs publics).
Ce qui se dégage à l’écoute du récit de cette organisation de Dakar qui vient en soutien aux populations fragilisées vivant dans des quartiers informels, c’est l’impressionnante vitalité humaine, la créativité à tous les niveaux, techniques, sociaux, économiques, institutionnels, etc, la capacité à générer des actions communes et à les faire durer. Cette vitalité est presque un miroir inversé de la faible présence des institutions publiques qui caractérise l’informalité des situations dans lesquelles ils travaillent. Cette action est particulièrement emblématique sur la prévention des inondations.
Cela pose de multiples questions, et, surtout, y aurait-il un lien à faire avec nos villes qui se sont construites sur des bases technocratiques et où la puissance publique y est constamment déterminante ? Face aux inondations, rien ne peut être fait sans le truchement d’un pouvoir public et technique puissant, voire pléthorique ou butent souvent nos impuissances. Dans nos villes européennes, ce qui est production du commun est résolument minoritaire et discrédité au profit de la propriété privée et du consumérisme individuel, mâtiné d’une belle dose redistributive, il est vrai, ce qui n’est pas négligeable. Mais y vit-on mieux ?
Après des siècles où nous avons pris la posture du donneur de leçons, à l’orée d’un projet de recherche-action comme celui de Fairville, n’y aurions nous pas quelque chose à apprendre ? Après 200 ans, aussi, d’histoire urbaine moderne, ne serait-il pas temps de retrouver quelque espérance dans l’auto-organisation et un potentiel de co-création liant savoir technique et participation dans la définition de la ville ? N’est-ce pas cela le message de fraîcheur qui nous vient du Sud ?
Inversement, nos modèles de développement du Nord sont-ils nécessairement ceux que doivent suivre les villes du Sud ? Les habitant·e·s de Dakar ne sont-ils pas en train de montrer que l’on peut passer des étapes du développement urbain pour écologiser la ville et nos rapports sociaux sans nécessairement se soumettre à la technocratie et au surplomb étatique trop puissant. Penser le ‘distributif à la source’ au moins autant que le ‘redistributif’, n’est-ce-pas ce qui pourrait orienter ici comme là-bas nos actions ? Une manière d’être co-créatifs ?
Il y a matière à débats, assurément. C‘est ce que nous proposons de faire ce
9 novembre - 18h - à l’auditorium de la Faculté d’architecture La Cambre Horta - ULB
Agnès Deboulet (CNRS), Giuseppe Faldi (ULB) et Dominique Nalpas (EGEB)