Un quartier lié historiquement à l’eau
L’eau est déterminante dans l’histoire du quartier entourant l’abbaye de Forest, et ce depuis toujours. selon Louis VERNIERS (« Histoire de Forest lez Bruxelles », De Boeck A., 1949), de 1614 jusqu’à 1814, le quartier était inondé 4 à 5 fois par centenaire : la proximité de la Senne assurait sa richesse (plaine alluviale fertile) et la gestion paternaliste des abbesses était sans doute marquée par une certaine sagesse. La disparition de l’abbaye, l’urbanisation et l’industrialisation ont changé la donne.
Entre 2005 et 2013, on a recensé une inondation tous les 5 mois en moyenne. Entre 1993 et 2006, la commune de Forest est la seule de la Région à urbaniser au point d’augmenter la superficie de sol imperméable de 12,5%. Ceci selon une étude de l’IGEAT (ULB), « sur l’imperméabilisation en Région bruxelloise et les mesures envisageables en matière d’urbanisme pour améliorer la situation », Selon les chiffres présentés par la commune de Forest lors de la Table-ronde du 18 mars 2014, il s’agirait en réalité de 40% du sol de la vallée.
Le retour du refoulé
A Forest, l’urbanisation ne peut cacher la géographie et la topographie : les cyclistes éprouvent dans leurs mollets les versants parfois un peu raides de la vallée. Ces fortes pentes associées à une imperméabilisation des sols toujours en croissance sont à l’origine de nombreuses inondations dont souffre le quartier.
Car, en fond de vallée, si l’eau est de nos jours peu visible, elle se manifeste sous des formes problématiques. Les habitations sont toutes touchées à des degrés divers par des inondation par reflux des égouts, par les eaux de ruissellement, par les reflux en sous-sol, par les eaux de toiture et des jardins et par les maisons voisines. Des rivières oubliées, des nappes d’eau méconnues provoquent des suintements ou pire...
Le diagnostic de l’eau est du reste très complexe sur le versant. De nombreuses sources se situent à l’altitude 35, altitude de la ligne de chemin de fer qui semble provoquer barrage. Les eaux sans issues inondent là aussi les caves. Ces sources rendues vivantes peuvent devenir un atout dans la gestion de l’eau, de l’environnement et du paysage (nous y reviendrons).
En balade vers le versant solidaire
Néanmoins, le versant de Forest devient un « Versant solidaire pilote », c’est-à-dire un espace de gestion coordonnée de la question de l’eau sur un territoire pertinent en fonction de la géographie, la géologie, la sociologie, la gouvernance, etc. et devenir pionnière en matière de gestion de l’eau.
Le quartier représente une grande mixité sociale et culturelle, qu’il importe de soutenir, notamment en améliorant la qualité des espaces publics et en favorisant leur appropriation par tous.
Mais aussi en faisant appel aux expertises citoyennes, à la mémoire des anciens, au travail de recherche archivistique... Bref à tisser des liens entre les savoirs des habitants, des usagers, des professionnels qui interviennent dans le quartier