Ces manifestations liées au réchauffement climatique eti à notre faible considération pour les « éléments » nous rappellent - bien au-delà du virtuel - à la nécessité du « retour à la terre », à la prise en considération de la matière. L’eau, est l’un de ces éléments oubliés par l’histoire tant en ville qu’à la campagne, refoulée disons nous depuis si longtemps. Nous savons tous qu’il est temps de redonner une place à ses cycles et même dans la ville dense.
Après un long hiver dominé par le virtuel, un été du retour brutal au matériel concret, nous pensons que cet automne sera celui du retour à nos préoccupations premières. Celui de l’arpentage des chemins de l’eau et du paysage par la promenade, l’observation du territoire réel et la définition d’intentions réalisable pour transformer nos bassins versants solidaires bruxellois en lieux de vie. Prenons-en soin.
C’est à une véritable campagne de promenades d’exploration et de connaissance que nous convions nombre de Bruxellois.e.s. Cette constribution prendra aussi des formes de cartographies de plusieurs types, dont le désormais fameux Map-it. Aujourd’hui ce sera plutôt sur les quantités d’eau. Demain ce sera plutôt sur sa qualité. Ce sera toujours en rapport au paysage et au climat.
Ce retour au concret des territoires, à leurs écologies et à celles de nos pratiques est un fait remarquable, observable un peu partout. Nous avons été en petite délégation (EGEB, Arkipel, Atelier Cartographique) à Marseille à l’invitation du Collectif des Gamarres. Nous avons pu arpenter avec eux les pentes des quartier Nord de Marseille ou tente d’exister entre barres d’immeubles, friches industrielles et déserts, un ruisseau largement oublié, le ruisseau des Aygalades.
La chance de ce ruisseau est de se transformer en cascade pittoresque à l’un ou l’autre endroit devenu lieu d’attraction. Pour le Collectif des Gamarres qui tente de redonner une existence à ce ruisseau le long des 17 kilomètres de son parcours, ce n’est qu’une entrée en matière. Il s’agit aujourd’hui de penser bassin versant et donc territoire et habitant.e.s humain.e.s et non humain.e.s. L’expérience des Bruxellois.e.s et des cartographies leur semblait utile en la matière, d’où cette invitation.
Enfin, la notion de bassin versant solidaire n’est pas une invention seulement bruxelloise. Nous avons découvert en lisant le petit ouvrage publié à Marseille aux Editions Wildproject intitulé « Veines de la terre » qu’il existe au Japon un comité d’habitant.e.s réunissant celles et ceux du haut de la montagne avec celles et ceux des côtes océaniques pouvant résoudre des problèmes complexes ensemble. On lira dans cette petite anthologie aussi que l’idée de solidarité entre bassins versants (solidaires) y fait son chemin. Nous pourrions bien en être parmi les instigateurs.