En effet, l’histoire de l’émergence des EGEB et de la forme qu’ils ont pris initialement ont fort à voir avec l’élaboration du premier PGE qu’a adopté la Région, en 2011. A cette époque, la plate-forme Eau Water Zone qui avait elle-même hérité des pratiques issues du conflit autour du bassin d’orage Flagey et qui avait créé le projet Open source, étant fort active dans le Maelbeek était en phase de négociation avec l’administration régionale pour soutenir le premier projet où tentait de s’exprimer une solidarité de bassin versant avec Maelbeek dans tous ses états.
Mais à l’hiver 2010, le chantage environnemental - c’est ainsi que nous l’avions interprété - qu’a créé Veolia a amené cette même plate-forme Eau Water Zone, à prendre une position en éditant un texte qui se trouve être aux fondements des EGEB “Réconcilier la ville avec l’eau”. Ce texte appelait en effet à créer un vaste débat concernant la gestion de l’eau à Bruxelles que nous avons appelé les Etats généraux de l’eau à Bruxelles. C’est ainsi que nous avions rencontré cabinet et administration pour élargir le soutien demandé à l’époque à Maelbeek dans tous ses états aux Etats généraux de l’eau à Bruxelles. Ce qui fut accepté, à condition que ces Etats généraux alimentent en réflexion et commentaires le plan de gestion produit par la Région.
Elaborer un point de vue avant de se faire une opinion
C’est de la sorte que les Etats généraux ont pu être financés par un Bruxelles Environnement en demande de formes participatives sur l’élaboration de ce plan. Nous avons conditionné cette offre inversement, à ce que cette participation ne soit pas seulement l’expression de commentaires à ce qui est présenté par l’administration, mais aussi l’élaboration d’un positionnement propre aux collectifs concernés indépendant d’un positionnement administratif. Bref pour pouvoir donner un avis, il faut pouvoir avoir une position propre plus élaborée, afin que ce ne soit pas juste une opinion.
C’est ainsi que les EGEB durant l’année 2011 ont été un grand moment de sensibilisation, de réseautage, d’ateliers de travail, de production d’idées et de débats, de Fête de l’eau, etc., que nous rappellerons en partie lors de notre anniversaire des 10 ans. Si ces choses étaient des nécessités en soi, elles ont permis au total - dans une ville aux savoirs très partiels à l’époque - de remettre à l’administration Le cahier de recommandations, un document copieux de près de cent pages qui n’était pas seulement la critique d’un plan, mais une proposition constructive au regard de savoirs nouveaux. Ce qui a donné beaucoup de fil à retordre à l’administration - nous a-t-on dit par la suite - afin d’intégrer des éléments dans le plan.
Une grosse contribution pour quel résultat ?
Cette situation ne s’est plus reproduite par la suite. Apparemment les partenaires de majorité n’avaient pas souhaité favoriser une telle orientation, disons anti-corporate. Les EGEB avec leur positionnement sur une gestion en bien commun n’ont plus jamais retrouvé un tel financement et c’est de manière parfaitement bénévole que les EGEB ont abordé le PGE suivant. Nous avons toutefois reproduit quelques ateliers autour du PGE et un gros travail d’écriture de petits matins qui au total a amené en juillet 2016 à un second Cahier de recommandations, d’analyse et de propositions, un document tangible pensons-nous. Nous ne saurons jamais ce qui aura été retenu de ce que nous avons apporté, mais nous pensons avoir fait notre job.
Enfin, voici le troisième PGE. BE a rappelé qu’il a fait l’objet d’un long travail de maturation. Et nous pouvons le comprendre vu l’ampleur de la matière. Ceci dit BE a fait appel à participation très en amont de l’écriture du plan et c’est une avancée. Coordination Senne a proposé en guise de préparation une vaste rencontre fleuve pour faire valoir une série de points de vue dans la ville, mais sans qu’il y ait de débat. Notre manière de faire a été un peu différente car nous avons voulu intégrer le débat, justement. C’est ainsi que nous avons produit un atelier regroupant des personnes venant d’horizons divers, du monde associatif, des administrations et même de BECI… Il en est ressorti un document de Contribution et de pistes de réflexionen août 2019, assez charpenté. Là encore, nous ne savons pas ce qui a été retenu de notre travail.
Le chassé-croisé de la participation
Ceci dit, BE a souhaité organiser sa propre forme de participation au PGE en ayant recours à des professionnels de la participation, en l’occurrence Ecores pour cette édition-ci. Nous avons participé à notre tour à l’un ou l’autre atelier, mais nous n’avons pas été convaincus par cette manière de faire. Il faut dire que, la COVID sévissait et les ateliers se sont fait en visio-conférence…
Le Plan de gestion de l’eau 2022 - 2027 est maintenant à l’enquête publique jusqu’à fin avril et nous invitons tout le monde à émettre un avis. Mais ce PGE fait 800 pages dans son extension. Un résumé existe.… Nous pensons qu’il y a lieu de créer une collaboration entre acteurs pour se l’approprier. Les EGEB lancent l’idée de reformer une plate-forme de société civile pour contribuer collectivement à l’enquête publique. Revenir aux vieilles amours initiales ? On en parlera lors de l’anniversaire des dix ans, d’ores et déjà nous pouvons dire que nous ferons un appel à contributions !
Mais ce chassé-croisé historique sur les questions de lien entre l’administration publique et la participation des publics n’a pas fini d’alimenter le débat sur la participation en tant que telle. Tout le monde semble avancer à l’aveugle ici. Entre bureaux commandités cherchant des opinions et mouvements citoyens constructifs et situés, perçus comme trop orientés, la place semble difficile à trouver.