Sur les traces et les devenirs de la vallée Atelier d’enquête collective - Suites des cafés des savoirs du Molenbeek

, par Michel Bastin, Odile Zaït

La vallée du Molenbeek est un des nombreux reliefs en creux du paysage bruxellois dessiné par le long travail de l’eau : dans la partie la plus basse du creux, c’est le ruisseau du Molenbeek qui a modelé sa plaine, et ce sont tous les écoulements d’eau de pluie qui couraient le long des versants qui ont sculpté les collines douces de Berchem-Sainte-Agathe, Ganshoren, Jette, Laeken, Zellik et Dilbeek.

Version pdf de l’invitation téléchargeable ici.

Ce relief de vallée, fait d’étendues aux sols profonds ou à même la nappe phréatique, de plis et de pentes où l’eau, le vent, le sol et l’ensoleillement interagissent à chaque fois de façon différente, a donné lieu à une mosaïque de milieux écologiques et de paysages dessinés par la cohabitation avec les activités humaines. Les sols lourds, riches et gorgés d’eau de fond de vallée pouvaient être racontés par les milieux non-construits tels que les marais, bocages ou jardins nourriciers, alors que la forme des villages et ses monuments repères étaient les témoins actifs des sols les plus drainants des hauteurs ou du chemin de l’eau par drainage naturel et anthropique le long des versants ainsi que des sources.

Avec l’arrivée de la voiture, de nouveaux revêtements à base de bitume ou de béton, ou encore avec la spécialisation des territoires à l’échelle nationale en réponse à une économie de plus en plus mondialisée qui a creusé la séparation ville-campagne, les logiques d’aménagement urbain des presque deux siècles passés se sont progressivement détachés de cette dynamique de vallée : l’eau, force sculptrice de la vallée, a été enterrée dans le réseau d’égout ; le sol, socle vivant, - peau de la vallée -, a été étanchéifié par des revêtements imperméables ; et les activités vivrières, coeur battant du dialogue entre les humains et leurs milieux de vie, ont été exportées hors des villes pour répondre aux injonctions d’une ville dense, industrielle et tertiaire.

Ne plus faire avec une vallée semble alors mener à ne plus la voir. Sans eau, sol, ni mains pour pratiquer des gestes et techniques inventés au plus près des dynamiques du vivant, les milieux de la vallée mis sous silence par un paysage construit diffus ont adopté le langage des traces : c’est par exemple par le positionnement des grandes infrastructures (routière, ferroviaire) ou le reliquat d’espaces de nature protégés qu’on peut désormais retrouver le fond de vallée, tout comme des noms de rue racontent encore des géographies ou des activités artisanales aujourd’hui disparues mais peut-être latentes… Les inondations, les îlots de chaleur urbain, la perte de relation entre habitants, ou encore la perte de lieux communs hors espaces privés témoignent effectivement, eux, de la nécessité de refaire avec les vallées. Déjà des pratiques telles que les jardins ouvriers ou collectifs continuent de lier les humains aux cycles du vivant dans certains milieux de la vallée, alors quelles autres pratiques pourraient être re-découvertes et/ou ré-inventées dans cette mosaïque de milieux urbains à re-fertiliser ?

Quelle est cette vallée aujourd’hui ? Quels en sont et seraient les milieux au sein de cette géographie de vallée urbanisée ? Que voudrait dire aujourd’hui vivre dans une vallée ? À quoi cela pourrait ressembler ? Rejoignez-nous pour un atelier d’enquête collective sur les traces et les devenirs de la vallée ! À travers la co-production d’un itinéraire dans la vallée, nous nous re-familiariserons avec l’observation et la description des paysages, nous échangerons des savoirs et des vécus et nous ouvrirons des horizons communs par la réalisation d’une carte sensible qui participera à raconter de nouveaux imaginaires de la vallée.

PROGRAMME

Dimanche 11/2 de 13h à 16h30 au Ploef ! : atelier d’imagination et de préfiguration de l’itinéraire accompagné par un jeu de questions-réponses et de dessin à plusieurs mains

Dimanche 25/2 de 13h à 17h : balade de mise à l’épreuve de l’itinéraire avec le terrain - le lieu du rendez-vous se décidera le 11/2.

Ces ateliers se situent dans la suite des cafés des savoirs du Molenbeek

Carnet d’exploration des promenades