C’est essentiellementpar le biais de l’innovation sociale dans une perspective de co-création que nous avons pu asseoir et légitimer la dynamique bottom-up de notre approche. Il est vrai que la gestion bruxelloise de l’eau avait fort à faire avec une logique plus top-down de l’intégration de la gestion de l’eau en créant la coordination régionale permettant aux politiques régionales et communales (inter-communales) de se coordonner.
Et c’est de l’échec du Versant solidaire de Forest en 2015 qui avait été comme une tentative de structure liant commune de Forest, EGEB et comités d’habitants qu’est né ce rapprochement entre les EGEB et des Centres de recherche scientifiques et des bureaux d’études techniques à la base du projet Brusseau. L’idée forte était de créer une expertise liants savoirs des habitants et usagers de la ville et savoirs et pratiques des scientifiques et techniciens qui se trouve être à la base de ce que nous appelons les Communauté hydrologiques. Le projet de Recherche-action participative Brusseau né en 2016 se développa de 2017 à 2021. Plus de trois années heureuses, créatives et fortes de découvertes qui forment un patrimoine de connaissance utilisable. Le collectif Brusseau est toujours vivant, mais aussi, c’est sur cette base de connaissance issu de la recherche que se se construit une suite expérimentale avec l’a mise en place du projet Brusseau Bis dès à présent, en partenariat cette fois, avec les communes de la vallée du Molenbeek, Bruxelles Environnement et Vivaqua.
Mais les savoirs acquis avec Brusseau auront d’autres effets encore, en ouvrant les EGEB à d’autres approches. Si les questions premières des EGEB traitent de volumes d’eau de pluie à gérer - comment réduire les risques d’inondation, notamment ? -, de quantité d’eau donc, aujourd’hui, la pratique de co-création va permettre aux EGEB de s’ouvrir à des questions liées à la qualité de l’eau. SmartWater qui, tout comme Brusseau bis est un projet expérimental soutenu par Innoviris, a pour objectif de tester un dispositif original et innovant technologiquement et socialement de monitoring sur la qualité des eaux de surface en RBC. Partant de là, il permettra d’améliorer les connaissances sur cette qualité de l’eau, de fonder des diagnostics sur ce qui dégrade la qualité de nos étangs, ruisseaux et rivières et surtout aidera à imaginer les mesures à prendre pour améliorer la qualité de ces eaux de surface. Dans une période où se reformule un nouveau Plan de gestion de l’eau (PGE), obligeant les institutions publiques à atteindre des objectifs de qualité de l’eau suffisante à l’horizon de 2027, cet apport n’est pas négligeable. Là aussi on y retrouve des partenaires de recherche tels que l’ULB et la VUB ou institutionnels tels que Bruxelles environnement ou le port de Bruxelles, et on comptera en outre de multiples partenaires associatifs, tels que Coordination Senne, Pool is Cool, le Musée des égouts et de nombreux autres encore.
Si ces deux projets importants soutenus par Innoviris forment maintenant la base structurante de notre action pour une durée de trois ans, les EGEB agissent ailleurs encore. Parler d’eau aujourd’hui, c’est parler de climat. L’ouverture des EGEB prend des formes nouvelles, notamment avec la Commune d’Ixelles pour laquelle les EGEB sont associés pour élaborer un plan Eau - Climat. Celui-ci en est à ses débuts. L’idée première est de se donner une vision de la question de l’eau sur la commune d’Ixelles en apport avec le climat. L’eau dans le cadre de cette approche par le climat permet moins une action directement sur le réchauffement climatique - puisque cela est dû essentiellement au rejet de CO2 dans l’atmosphère -, qu’une adaptation aux effets du dérèglement climatique. Comment s’adapter en effet à l’augmentation des épisodes orageux susceptibles de générer de nouvelles formes d’inondation ? Comment s’adapter aux épisodes de sécheresse qui vont avoir des effets sur la végétation de notre cité ou qui risquent de raréfier notre approvisionnement en eau potable ? Comment limiter les épisodes de chaleur qui s’annoncent ? etc. L’eau, une eau de pluie paysagère et vivante, peut offrir de nombreuses réponses à cela pour autant qu’on lui offre une place dans la densité de l’espace urbain. Un travail d’imagination collectif avec la participation de tous est requis.
A Saint-Gilles, c’est un collectif d’habitants qui nous interpelle. Il est question de créer une rue jardin et des sortes de Nouvelles rivières urbaines dans le bas de la vallée, aux abords de la gare du Midi. Nous proposons d’intégrer cette proposition dans un regard plus large de solidarité de bassin versant, en revalorisant le tracé de l’ancien Elsbeek, disparu aujourd’hui. L’expérience des EGEB n’est pas mince sur cette commune. Ce n’est pas la première fois que nous nous retrouvons Aux sources de Saint-Gilles… Il est d’autres terrains d’action toujours vivants, comme le Cognassier qui va allonger sa course pour rejoindre le Molenbeek à Berchem-Sainte-Agathe ou encore le malheureux petit Zwanewijdebeek à Boitsfort qui, s’il ne verra pas tant le soutien de BE escompté, n’en reste pas moins l’objet de la sollicitude des habitants, qui d’autre s’en chargerait ?
Nous pourrions parler ici de nombreux autres projets en cours ou en gestation. Il est clair que depuis dix ans, la place de l’eau à Bruxelles s’est considérablement accrue dans les politiques publiques et dans les imaginaires urbains. Nous pensons que nous y avons contribué quelque peu, avec cette approche qui nous est si particulière de faire de cet élément et de nombreux autres qui l’environnent - la ville - un souci collectif, l’objet d’une appropriation commune, le fruit d’une approche co-créative. Depuis dix ans, nous n’avons cessé de mettre en place ce programme de réflexion et de recherche de « Nouvelles alliances ». Il nous faudra fêter cela, tout comme, il nous faudra fêter les 20 ans de l’entrée de l’eau en politique avec le conflit du Bassin d’orage de la place Flagey et les cinq ans de Brusseau. On en reparlera.