Les EGEB, l’association, aura dix ans en décembre de cette année. 10 ans ! Ce n’est pas la première fois que nous en parlons. Et il est temps de faire une sorte d’état des lieux. Il y a dix ans (et un peu plus), les EGEB sont nés de la crise politique du partenariat public privé où nous avions vu les agissements d’une entreprise multinationale faisant prendre le risque de la disqualification de la gestion de l’eau par les pouvoirs publics en menant un violent chantage environnemental. Nous vous renvoyons ici au texte Réconcilier la ville avec l’eau, la carte blanche écrite par la plate-forme Eau Water Zone (née il y a 15 ans), le collectif issu du conflit sur le bassin d’orage de Flagey (c’était il y a juste 20 ans). Nous expliquons dans cette carte blanche qui appelait à des Etats généraux de l’eau que nous refusons la privatisation de la gestion de l’eau par la défense d’une gestion publique de ce bien, mais assortie d’un fort volet sur la notion des communs territoriaux (et donc de co-gestion) et une solidarité de bassin versant.
Nous avons tenté de nous lier aux institutions publiques pour mener ce travail de transition vers un public-commun. Mais ce fut en partie un échec. Il est apparu que la légitimité du citoyen est bien trop faible face à la légitimité de la représentation politique. C’est ainsi qu’est né Brusseau (environ il y a 5 ans), le collectif de recherche-action participative réunissant citoyens et le monde académique avec sa légitimité propre qui a pu montrer que cette association offrait des capacités de connaissance réelles pouvant créer un impact sur les politiques publiques. Et depuis peu c’est Brusseau Bis et SmartWater qui ont pris le relais en expérimentant ce rapport entre citoyen, scientifiques et institutions publiques. C’est dire si le chemin est long pour tenter de montrer que l’intérêt général nécessite l’action commune.
Faire un état des lieux des EGEB, un bilan, c’est donc tenter de comprendre et de suivre une longue trajectoire mais qui reste toujours aussi peu sûre. Rien ne dit en effet que les EGEB pourront vivre dans la durée, alors même que l’association n’a jamais été autant sollicitée pour partager son expérience, alors qu’elle n’a jamais autant travaillé et expérimenté ! Sans l’apport d’Innoviris, il est probable qu’aujourd’hui les EGEB n’existeraient plus, tellement il est difficile de faire reconnaitre par les institution publiques l’approche co-creative et participative (au sens fort du terme) que nous tentons de proposer.
Si cette année sera donc aussi une sorte de passage en revue de cette histoire - on en reparlera -, d’ores et déjà, l’histoire qui repasse les plats s’arrange bien pour nous servir sur un plateau des questions qui nous rappellent à nos vieux souvenirs de vingt ans. Voilà que les inondations de la rue Gray de l’été dernier nous montrent que le fameux bassin d’orage de la place Flagey ne remplit pas encore complètement sa fonction de diminuer les risques d’inondation dans le bas de la vallée. Nombre d’habitants de cette rue se sont retrouvés avec des caves inondées par une eau infecte. Nous en parlerons lors des Journées bruxelloises de l’eau notamment lors de la Vraiment trop curieuse balade du Maelbeek. Et que dire de la ce bassin d’orage de Tenreuken mis à l’enquête publique qui ne prend pas en compte dans ses calculs la Gestion intégrée de l’eau de pluie pourtant devenue politique régionale en la matière ? Voir Tenreuken : balades des heurs et malheurs.
Et pourtant, dans le même temps, des envies d’avenir sont toujours présentes. Entre gestion de la quantité de l’eau (infiltration pour éviter les inondations) et de la qualité de l’eau n’y a-t-il pas une place pour la remédiation/réparation de nos eaux et de nos sols grâce à la collaboration des plantes et autres champignons ? Voir De la rivière au marais, dépolluer les eaux et les sols grâce aux plantes ? Enfin, la solidarité de bassin versant n’aura peut-être plus de frontières, une inter-mondialisation des bassin-versants est peut-être en train de naître à partir de Bruxelles (et de Marseille). Serons-nous les citoyens de bassins versants et de biorégions ? Voir Les Veines de la Terre
Voilà quatre initiatives qui prennent place dans le cadre des Journées Bruxelloises de l’eau, au croisement des 10 ans des EGEB et des 20 ans de l’entrée en politique de l’eau. Ces quatre initiatives concrètes sont les premiers jalons de cette année anniversaire qui ne fait donc que commencer !
Dominique Nalpas