A partir de six situations concrètes, chacune spécifique, réparties dans Bruxelles, les EGEB et l’Institut royal des Sciences naturelles entendent, avec un réseau de partenaires locaux, étudier les moyens de conjuguer, dans la ville, eau et bio-diversité, deux ressources nécessaires à la vie, qui doivent donc être gérées, pensons-nous, comme des biens communs.
Scientifiques et citoyens, experts et néophytes, artistes et bricoleurs vont se retrouver pour imaginer et réaliser ensemble des dispositifs inventifs, afin d’accueillir des eaux pluviales et en irriguer des jardins ou des prés fleuris, de les orienter vers l’une ou l’autre noue, de mettre en valeur les eaux d’une source....
Six situations concrètes :
Un maillage vert et bleu entre le Parc Jacques Brel et le Bempt
Les sources du Calvaire pour relier les gens
Entre coulée verte et jardin partagé sur Neptune
Désimperméabiliser Morichar
Eau et biodiversité au Parc Léopold
Un jardin bien tempéré
Un but commun
Contexte : Situation actuelle de l’eau et de la biodiversité en Région de Bruxelles-Capitale
Dans nos villes occidentales, l’eau est gérée comme une ressource jetable. Sa gestion, fruit d’une pensée positiviste et hygiéniste – qui certes a eu des bienfaits sanitaires – est aujourd’hui une « affaire de tuyauterie » et centralisée.
Nos sols se sont imperméabilisés, les rivières sont devenues égouts. L’eau a été refoulée et les générations futures devront continuer à porter le coût de sa dépollution. L’eau, sortie de nos préoccupations publiques, n’est plus perçue comme un bien commun. Cette rupture, vraie pour l’eau, l’est aussi pour la diversité du vivant et de ses cycles, entravés tant par l’imperméabilisation des sols que par le renvoi de l’eau dans les égouts.
Les politiques publiques en la matière évoluent cependant rapidement. Des plans se mettent en place (Plan de Gestion de l’Eau, Plan Nature et Plan Régional de Développement Durable). Maillage bleu et vert se complètent et s’organisent mais essentiellement dans les zones périphériques de la ville et hors participation citoyenne.
Néanmoins, des acteurs toujours plus nombreux agissent pour une ville plus résiliente : Initiatives en transition, Jardins collectifs, Quartiers durables, etc.
La participation citoyenne, souhaitée dans les programmes cadres européens, se profile un peu partout, offrant des possibilités d’expériences situées et concrètes, fruits d’une riche coopération entre experts et citoyens. Ces expérimentations contribuent à développer une écologie urbaine, permettent d’envisager de nouvelles formes de gouvernance enrichissant à leur tour les politiques publiques.
Fondements, idées force : approches et gestion des problèmes
Ressources fondamentales, l’eau et la biodiversité doivent donc être gérées le plus possible comme des biens communs. Cela en suppose une connaissance précise, mais aussi et surtout une réflexion/action sur la manière dont les humains vont collaborer à leur gestion.
Les Égeb – avec le soutien de l’Irsnb – ont pu baliser une telle réflexion/action, au cours de laquelle il est apparu qu’il fallait travailler le rapport de l’eau en ville en passant par une dynamique de bassin versant/ou de versant et par l’aménagement du territoire à partir de situations concrètes. Il s’agit de proposer un débat sur la réduction de l’eau à un ensemble étroit de techniques au regard d’approches innovantes, décentralisées et les plus participatives possibles telles que les Nouvelles Rivières Urbaines.
L’approche de la biodiversité implique aussi une vision incluant un rapport au territoire et aux techniques et des mises en situation où experts et habitants coopèrent – notamment dans les zones densément peuplées de la ville.
L’eau est nécessaire au vivant et à sa diversité...
Plus les situations sont nombreuses et variées par les quantités et les qualités de l’eau, plus elles renforceront cette richesse.
Réciproquement, la biodiversité a une fonction non négligeable sur la gestion de l’eau, par l’épuration, l’évapo-transpiration, etc. Ce sont là autant d’expérimentations possibles, dans des contextes urbains et sociaux différents.
La force de l’action située est qu’elle permet aux habitants de la ville de créer des projets communs comme autant de lieux d’apprentissage et de mutualisation, de création de liens de proximité favorisant le vivre ensemble.
Objectifs généraux du projet
Ce projet entend renforcer la visibilité de l’eau et la biodiversité, et du lien entre elles, pour en faire une contribution notable au développement durable de la ville.
Il entend valoriser/renforcer diverses situations concrètes où des acteurs se sont mis en mouvement, comme autant de multiples petites utopies réalistes recelant chacune son potentiel pédagogique et d’expérimentation des rapports entre citoyens et experts, entre générations et cultures...
Chaque situation permet de vérifier et/ou de démontrer in situ des hypothèses telles que :
la capacité des Nouvelles rivières urbaines à limiter le rejet d’eaux claires à l’égout, et à leur traiter afin qu’elles puissent être employées à certains usages,
le potentiel des végétaux et des champignons dans une éco-gestion de ces eaux, par exemple par l’épuration (toitures vertes, etc.), l’évapo-transpiration, la rétention...
la possibilité par de tels dispositifs de restaurer et de créer divers biotopes, y compris dans les zones les plus urbanisées...
l’utilité sociale de la présence de la « nature en ville », de sa contribution au bien-être des habitants.
Dans son ensemble, le projet vise à sensibiliser les publics et à orienter les politiques et les ressources publiques dans un sens plus favorable à ces nouvelles pratiques de gestion.
Les Actions : Des situations concrètes et restreintes
Ces diverses situations concrètes sont nées dans des contextes très différents. Certaines sont issues de projets de quartiers durables, de ville en transition ou de l’action d’un comité de quartier. Leur développement n’en est pas au même stade. Il y a un éventail de possibilités. Quoi qu’il en soit, les habitants seront invités à s’exprimer, imaginer et réfléchir ensemble dans chaque situation.
Toutes ces situations contribueront par contre à la conception générale du projet et, à leur niveau, elles devront alimenter les publications et autres banques de données collectives, avec, tant que faire se peut :
un diagnostic de l’incidence des réalisations sur la circulation de l’eau (par exemple sur base de l’outil de quantification des flux hydriques sur des petits territoires développé par Valérie Mahaut et Bruxelles Environnement (1.000 m2)
une approche de l’incidence des réalisations sur la biodiversité (par exemple : adaptation de l’indice de l’expo BiodiverCity « Faites votre jardin » dans une perspective didactique www.faitesvotrejardin.be/
repérage d’actions pertinentes via cartographies et/ou des balades exploratoires ou autres (voir Map-it),
écriture de recommandations,
repérage dans une perspective économique (en terme d’emploi notamment).
Afin d’assurer l’appropriation la plus dynamique possible des projets par les citoyens, nous organiserons des consultations ouvertes à tous dans les quartiers concernés par les actions proposées.
Ce projet est soutenu par la Loterie Nationale